Yann Besson, luthier Yann Besson, violin and viola maker

Archives (presse, médias, etc.)

La quête infinie d’un Luthier

La quête infinie d’un Luthier

Posted on

Par Séverine Joubert, Sud-Ouest, 14/03/2021

Dans son atelier des Essards, Yann Besson fabrique des pièces uniques de violoncelles, violons et altos qu’il vend dans le monde entier jusqu’en Chine et aux États-Unis.

À quoi tient une vocation ? Celle de Yann Besson prend peut-être racine dans cette unique cassette de musique baroque, coincée sur l’étagère des parents, entre des morceaux de la variété française. Vivaldi venait ainsi jusqu’aux oreilles d’un gamin emporté par « la beauté de l’œuvre ». Yann Besson avait « 7 ou 8 ans » lors de cette première rencontre. « je l’écoutais en boucle. »
Quatre violoncelles par an.

Né à Marennes en 1976, Yann Besson est aujourd’hui un luthier de renommée internationale.

Longtemps, il a vendu ses instruments en Europe mais désormais, ses violoncelles, fabriqués pièce après pièce dans son atelier des Essards, entre Saintes et Saint-Porchaire, voyagent jusqu’en Chine et aux Etats-Unis. Ces pièces uniques se retrouvent entre les mains de musiciens qui cherchent la rareté et l’exception. Chaque instrument représente trois mois de travail et une attention de tous les instants. « Chaque étape est un risque. » Quand un violoncelle quitte l’atelier, il vaut 22 000 euros. Le luthier donne naissance à quatre violoncelles en moyenne par an et à six altos ou violons par an. Il ne se prête à la restauration et à la réparation que si un client lui demande.

L’atelier de Yann Besson est habité de planches d’épicéa, de palissandre et d’ébène. Des plantes et des horloges jouent les invités. Le tic-tac d’une magnifique horloge d’église rythme le temps. Ici, – tout n’est que précision et recherche pour « un instrument beau et qui sonne bien ». Son allié ? L’archet qui selon la pression lui donnera à « sentir l’amplification du son ». Yann Besson cherche toujours à « aller au-delà de l’évidence ». Son parcours le démontre et on ne peut s’empêcher de penser à ses parents qui l’ont laissé libre de faire des choix et l’ont accompagné dans ses décisions. Gamin, faute de professeur de mandoline dans les environs, il apprend le violon à l’école de musique de Corme-Royal. Sensible, pas du tout attiré par l’univers virtuel des jeux vidéo, il s’imprègne du « côté physique de l’instrument quand le son s’amplifie. On sent physiquement les vibrations. » L’instrument l’intéresse mais l’adolescent exclut de devenir violoniste.

Sept ans à Londres

À l’heure des choix, en fin de collège, le fils de menuisier s’oriente vers l’école de lutherie de Mirecourt, dans les Vosges. Les places sont rares mais son « côté malléable, gentil et sa faculté à s’adapter » ont pu convaincre le jury devine aujourd’hui le luthier. Sa formation durera cinq ans. Diplômé des métiers d’art, il part vers la Grande-Bretagne, à Londres, où la lutherie s’appuie sur les écoles anglaises et allemandes. « C’était une ouverture intéressante pour moi et Londres est tellement cosmopolite. » Yann Besson y restera sept ans avant de revenir en France, aux Essards, dans une maison de famille. Il a trente-quatre ans de lutherie derrière lui, une carte de visite reconnue mais jamais il ne cesse d’explorer, d’apprendre.

Yann Besson aborde chaque nouvelle commande avec la même candeur et la même fraîcheur. Sa recherche d’absolu est telle qu’encore et encore, il aime à se dire qu’ « on n’y comprend rien ».

0